POLITIQUES MONETAIRES ET SYSTEME FINANCIER
La diminution des réserves de la BEAC est l’aspect le plus frappant de la crise économique et financière que subit la CEMAC. La reconstitution des réserves de change est donc le premier objectif en matière de politique monétaire (OG4). Il est impératif d’appliquer rigoureusement la réglementation de change, les mesures conservatoires prévues aux statuts de la BEAC et d’accélérer le rapatriement des avoirs par les Etats. A cet égard, une réforme des conditions de rémunération des avoirs en devises des Etats par la Banque Centrale est nécessaire. Il serait souhaitable que la BEAC procède à un « ratissage des réserves » au cas où le Compte d’Opérations devenait débiteur et que les Ministères des Finances, responsables de l’application de la réglementation commune des changes, contrôlent effectivement les sorties de capitaux, notamment des multinationales. En revanche, la liberté des changes pour les opérations courantes, en particulier commerciales, doit être maintenue moyennant un renforcement du dispositif de contrôle de vraisemblance, car elle est essentielle à l’activité économique. Enfin, un recours coordonné au FMI est impératif.
Le renforcement de l’efficacité de la politique monétaire (OG5) doit passer par le respect de l’indépendance de la Banque Centrale. Il convient donc d’appliquer rapidement les nouveaux statuts de la BEAC qui visent à accroître son autonomie et sa transparence financière. Mais celles-‐ci ne seront véritables que si les gouvernements en ont la volonté politique. Les réformes visant à renforcer le cadre stratégique, institutionnel et opérationnel de la politique monétaire doivent être finalisées. Le montant total des créances détenues par la Banque Centrale sur les Etats ne doit pas dépasser 20% des recettes budgétaires ordinaires de l’exercice écoulé. La réduction du financement monétaire direct et indirect des déficits publics permettrait de redonner une marge d’accroissement des crédits à l’économie sans relance monétaire excessive.
La CEMAC doit également œuvrer pour le renforcement de la stabilité et l’inclusion financière, ainsi que de la lutte contre le blanchiment (OG6). La chute du prix du pétrole pourrait entraîner une fragilisation du secteur financier ainsi qu’une réduction du rythme de crédit au secteur privé. La croissance du crédit au secteur privé a été négative en 2015, pour la première fois depuis dix ans. Le renforcement de la surveillance du système financier sous-‐régional doit passer par l’amélioration de la mise en œuvre du cadre de supervision micro-‐prudentielle, complété par une supervision macro-prudentielle. D’autre part, l’accès des populations aux services financiers doit être amélioré, notamment par une baisse des coûts d’accès à ces services, en combinant régulation et diffusion d’innovations technologiques telles que la banque mobile. Par ailleurs, la redynamisation des marchés financiers (OG7) devrait passer par l’augmentation de la profondeur et du potentiel du marché boursier. Le marché financier de la CEMAC restant embryonnaire et fragmenté, il serait utile de rationaliser l’activité des bourses de Libreville et Douala et de faciliter le financement par émission de titres par les Etats et les entreprises privées. L’ouverture du capital des entreprises publiques au privé a, en particulier, l’avantage de régler la question de l’éviction des ressources publiques (réduction des subventions des Etats à ces entreprises), et partant la promotion de la diversification. Une agence régionale d’appui à l’émission et la gestion de titres publics pourrait être créée. Enfin, il est nécessaire de mettre en œuvre la réforme de la BDEAC (OG8), afin qu’elle joue pleinement son rôle dans l’accompagnement du secteur privé et le financement de l’économie.