Les enjeux d'une recontre historique.

Du 17 au 18 novembre 2022, s'est tenu dans la capitale Gabonaise, un colloque au cours duquel il s’est agi de cogiter de manière plus profonde au sujet de l’imbrication entre la monnaie en usage en Afrique centrale et le développement.
Libreville, capitale de la République Gabonaise a été sous le feu des projecteurs depuis l’annonce et la tenue d’un colloque sous régional de haut niveau portant sur la « Monnaie et développement en Afrique Centrale ». Un thème qui, pris au premier degré, suscite diverses interprétations. Il faut dire que cette rencontre se situe dans le prolongement de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etats du 22 novembre 2019 à Yaoundé, au cours de laquelle il avait été question de la situation économique, financière et monétaire dans la zone Cemac et l’analyse des perspectives des économies de la sous-région.
On se souvient que la volonté de disposer d’une monnaie commune stable et forte, avait été réaffirmée. Concernant particulièrement la coopération monétaire avec la France, portant sur le franc CFA, il avait été décidé d'engager une réflexion approfondie sur les conditions et le cadre d'une nouvelle coopération. On se souvient aussi que dans la perspective d’une nouvelle coopération monétaire avec la France, les Chefs d’État avaient « chargé la Commission de la Cemac et la Beac de proposer un schéma approprié conduisant à l’évolution de cette monnaie commune. L’objectif général de ce Colloque sous régional de haut niveau « Monnaie et Développement en Afrique Centrale » a donc permis de mettre en place un environnement de réflexion impliquant Universitaires (Enseignants et Chercheurs) et praticiens du monde financier « sur la manière de faire évoluer le contexte monétaire en vue de garantir aux pays de la Cemac des meilleures conditions de développement ».
De manière plus spécifique, on devra aboutir à une à la rédaction d’une Convention de coopération monétaire revue avec la France. Autrement dit, produire les éléments d’analyse pouvant permettre de répondre à la mission confiée par les plus hautes autorités de la Cemac. En effet, la Commission de la CEMAC et à la BEAC ont pour mission de faire évoluer le cadre de coopération monétaire avec la France, notamment en ce qui concerne : le choix de régime de change adéquat du franc CFA en lien avec la question de rattachement du franc CFA avec l’euro ou à plusieurs devises ; la gestion des réserves extérieures eu égard au problème de l’hétérogénéité des situations nationales ; la discipline macroéconomique.
Le colloque de Libreville a donc été d’une importance capitale alors même que dans les prochains jours, il sera mis en circulation de nouvelles coupures de 500F, 1000F, 2000F, 5000F et 10000 Fcfa. On s’acheminerait alors vers l’ébranlement de la Convention de coopération monétaire entre la France et les pays membres de la BEAC signée le 23 novembre 1972 instituant la garantie de convertibilité illimité de la monnaie émise par le Beac, par la France ; la fixité du taux de change ; la liberté de transfert entre les pays membres de la Beac et la France ; la centralisation des réserves auprès d’un Compte d’Opérations ouvert au Trésor Français. En d’autres termes, le « schéma conduisant à l’évolution de la monnaie commune » demandé par les Chefs d’État se rapporte à l’évolution des principaux mécanismes actuels de la coopération monétaire avec la France à savoir, va devoir changer.
La responsabilité des intervenants à ce colloque est donc grande en ce sens qu’elle participera à la rédaction de l’histoire économique de la sous-région Afrique Centrale en particulier et même du continent en général. Car il ne faut pas perdre de vue que : « la monnaie n’a de crédibilité endogène que si elle se révèle être un véhicule de développement, de prospérité partagée pour les Etats ou les Institutions qui l’émettent, ainsi que pour les citoyens qui l’utilisent ».

photo famille Colloque CFA LBV